L’intégration de la musique dans une séance d’hypnose

 
J’ai envie de consacrer mon article à l’hypnose et les arts. Comment l’art peut être intégrer dans une séance d’hypnose ? Plus précisément à l’hypnose et la musique.

Mais tout d’abord, qu’est-ce que l’hypnose ? Quelles sont les idées que l’on se fait à la simple évocation de ce mot ? Beaucoup de croyances, entre fantasmes et admirations, craintes et adhésions aveugles, les avis divergent lorsque le sujet est posé sur la table ! Ainsi, comme beaucoup de concepts et de techniques, le mieux pour se faire une idée bien précise de ce qu’est l’hypnose, c’est évidemment de vivre une séance.

Comme de nombreuses personnes, j’avais une idée très précise de ce qu’était l’hypnose avant de vivre une séance ou de mener une séance. Mon avis était très arrêté, sans ouverture, avec même une certaine crainte de qu’est ce qui allait bien pouvoir se passer ? Jusqu’où j’étais maitre de moi-même, jusqu’où je pouvais contrôler ?

Alors que finalement l’hypnose c’est tout le contraire. Personne ne prend le « pouvoir » sur l’autre. L’hypnose permet alors d’être dans un état dans lequel on lâche prise tout en étant conscient de ce qu’il se passe. Mais le meilleur moyen de se faire une idée de cela est bien entendu de vivre une séance. Toutes mes explications paraitront intéressantes ou explicatives mais ne pourront expliciter au plus près du ressenti de chacun ce qu’est une séance d’hypnose. D’abord parce qu’il s’agit de ma séance, donc de mon vécu, ou de la vôtre et donc du votre ! Et parce que le vivre est bien plus parlant que les mots.

L’art est-il un moyen pour rentrer en transe ?

La musique peut-elle aider une personne à se mettre plus rapidement en état de transe ?

Je vais vous raconter l’histoire de cette petite fille qui s’évadait à chaque fois que ses doigts touchaient les touches du clavier du vieux piano installé au fond de la salle à manger chez sa vieille voisine. Tous les jours elle lui apportait un pot de lait le matin avant d’aller à l’école. La vieille dame était très gentille et avait remarqué que la fillette était très attirée par son vieux piano. Elle regardait toujours dans sa direction, sans oser demander à sa voisine de l’essayer.

Un jour de printemps, la vieille dame dit à la fillette de s’approcher de son piano. La petite fille s’avança. Elle frôla le tabouret en bois recouvert d’un velours grenat de la pointe de ses doigts. Elle admirait alors l’instrument en regardant chaque détail du piano ; les contours, les touches blanches et noires, les pédales. Puis après quelques minutes, elle s’assit dessus sur le tabouret ressentant un moelleux agréable. Elle se positionna alors pour être le plus à l’aise possible. Elle caressa ensuite le clavier puis appuya sur une touche, puis une autre. Elle ressentit alors un bien être infini, un moment d’extase qu’elle n’aurait pu imaginer.
Elle se trouvait dans cette pièce sombre, dans cette salle à manger qui sentait le renfermé, tout en étant dans un état de bien être, dans sa bulle. Elle entendait les bruits de fond de ce qu’il pouvait se passer dans la maison, les planchers qui craquent, le chat qui miaule, la soupe qui chauffe sur le poêle, la vieille dame qui se balance dans son rocking chair, mais tout cela était lointain et ne la dérangeait aucunement.

A chaque fois qu’elle jouait une note, à chaque fois qu’elle appuyait sur une touche, une noire, puis une blanche, une blanche puis encore une noire, elle rentrait de plus en plus en phase avec cet état de sérénité. Une note s’élevait et elle s’enfonçait encore un peu plus dans la détente…

Puis elle se laissa aller à jouer, sans réfléchir, en laissant son ressenti jouer. A ce moment-là elle était en phase avec la musique, en phase avec sa musique. La fillette était rentrée en transe !

Ce que je trouve très intéressant dans cette histoire, c’est vraiment ce moment où on peut lâcher prise, où la simple évocation d’une situation peut nous amener à rentrer en transe. Je pensais que l’art, comme la musique dans ce cas, mais cela peut être vrai avec n’importe quelle autre forme d’art, pouvait être un bon moyen de faire une induction hypnotique avec des personnes sensibles à ces arts-là.

Ce qui implique, entre autre de bien connaitre son patient ! Je m’étais arrêtée à l’art lui-même ; jouer d’un instrument, ou écouter de la musique, peindre un tableau ou admirer une toile. Mais en vivant une expérience inattendue, je me suis rendue compte que la simple évocation d’un moment privilégier avec toute forme d’art pouvait faire partir la personne en face de nous dans un état de transe. A la simple lecture de cette petite histoire, je me sens comme attirée par cette situation, moi qui suis sensible à la musique, au piano en particulier.

Peut-être que cette histoire vous paraitra mignonne mais sans plus, sans vous faire partir. Mais transposez là à l’une de vos passions, de votre sensibilité, et remarquez à quel point cela peut vous entraîner dans un état de détente, de sérénité.

Ce genre d’induction, très proche du patient est un moyen très intéressant de faire rentrer la personne plus rapidement en transe, et elle est collée au ressenti de ce dernier ; ce qui fait un écho à la thérapie solutionniste expérientielle : Le ressenti, vivre ses émotions.

D’après ma propre expérience en tant que patiente je suis partie beaucoup plus profondément en transe avec le récit de quelque chose qui me touchait personnellement, comme l’évocation d’un frôlement de doigts sur le piano, qu’avec une induction plus traditionnelle. Ce qui est assez drôle, c’est que juste en écrivant ses mots, je ressens dans tout mon corps quelque chose qui me parle !

J’en conclurais donc, et cela n’engage que moi, que l’art est un bon moyen de faire une induction qui touche au plus près le patient, si celui-ci est sensible à cet art-là !
Et l’hypnose est difficile à expliquer avec des mots… je vous invite alors à expériencier une séance d’hypnose…

Caroline Khaled