Comment aider nos clients à ne pas atteindre leur objectif OU « la meilleure façon de faire pour échouer dans notre accompagnement !
Je veux arrêter de… Je ne veux plus… Je veux oublier… Je veux que ça change… Voilà des plaintes que nous entendons régulièrement dans nos cabinets. Et dans un grand élan d’empathie, vite, vite, nous enfilons notre costume de thérapeute et de sauveur, armé d’outils et de protocoles, pressés par notre bienveillance et notre désir de réduire la souffrance de notre client, sans plus attendre, nous attaquons !
Mais… Trop souvent, nous négligeons de prendre le temps. Prendre le temps nécessaire pour s’apercevoir que la demande est peu claire, que l’objectif est imprécis et pas réellement motivant, en tout cas, pas de la bonne manière. Comment faire avancer un paquebot sans l’énergie nécessaire pour alimenter sa chaudière ? Vers où le diriger sans connaître la destination ?
Il n’est pas rare non plus que la demande de nos clients implique d’autres personnes. Et difficile de faire changer les autres à sa place, non ?
Bien que décriée par un certain nombre de praticiens en hypnose, car trop orientée PNL ou thérapie brève (« on est quand même là pour faire de l’hypnose ! »), la détermination d’un objectif spécifique, mesurable, réaliste, et qui tient compte des besoins et des leviers de motivation de nos clients est un prérequis nécessaire, je dirais même indispensable, avant d’entamer tout travail d’accompagnement. L’inverse nous expose à des risques : résistances, errance, résultats inadaptés et qui ne tiennent pas dans le temps…
Prenons l’exemple d’une personne qui a une image négative d’elle-même lié à un excès de poids. Si cette image négative reste sa seule motivation, admettons que la personne entreprenne un régime, au fur et à mesure que la personne maigrira sa motivation s’affaiblira. De plus, si elle ne spécifie pas quelles actions elle doit entreprendre pour améliorer son état mais qu’elle en reste au niveau d’abstractions et de rêve, elle risque fort de ne jamais passer à l’action.
De ce fait, et contrairement à cette tendance qui se déploie (dixit les forums et réseaux sociaux) en ces termes « utilise telle ou telle métaphore » ou pire, « laisse-toi guider par ton intuition », avant d’entreprendre tout travail thérapeutique, il est indispensable de pendre le temps nécessaire pour bien déterminer l’objectif, la « solution » que souhaite vivre le client. Et pas n’importe comment…
Emile COUET a démontré que lorsqu’il a lutte entre la volonté et l’imaginaire, c’est toujours l’imaginaire qui finit par l’emporter. Alors c’est d’abord cet imaginaire motivant qu’il s’agit de façonner. Pour cela, l’entretien solutionniste est idéal, car il vise à la fois à recentrer le travail sur un objectif spécifique et mesurable, mais aussi à trouver l’énergie nécessaire pour qu’il devienne motivant.
Il y a toujours des avantages et des inconvénients pour un client à atteindre son objectif. Par exemple, une personne en surpoids aura des avantages à s’affiner, mais connaître éventuellement la frustration de ne plus pouvoir manger tout ce qui lui plaît, la difficulté à gérer sa nouvelle apparence, etc.
En thérapie brève, considérer les conséquences positives et négatives de l’atteinte de l’objectif visé est appelé principe « d’écologie ». Et l’une des conséquences importantes d’un objectif est de savoir s’il offre plus de liberté, plus de possibilités ou au contraire s’il enferme.
Prenons encore l’exemple du client qui souhaite maigrir. Si sa solution est de supprimer tous les aliments appétents, la frustration finira par prendre le dessus et le faire craquer. A l’inverse, s’il découvre une nouvelle façon de s’alimenter, de se sentir bien, par exemple en s’ouvrant à de nouveaux horizons gastronomiques, alors sa nouvelle façon de s’alimenter pourrait devenir une expérience intéressante et motivante.
Cela renvoie à la loi de la variété requise en thérapie brève : élargir notre carte. « Plus nous avons de choix, plus nous sommes à même de prendre des décisions adéquates » et au modèle solutionniste prônée par O’Halon qui distingue « l’espace des problème » de « l’espace des solutions ».
Ainsi, un objectif bien formulé tient compte de l’écologie du système constitué par l’interaction de notre corps, nos émotions, nos sensations et nos pensées. Mais aussi de l’écologie du système constitué par l’interaction de nous-même avec notre environnement. Aussi, il est nécessaire de poser les avantages et les inconvénients de la réalisation de l’objectif, mais aussi de sa non réalisation.
Selon une étude de Richard Wiseman, la meilleure stratégie pour atteindre un objectif consisterait à trouver la motivation en prenant conscience de l’état dont on veut s’éloigner, et en faisant un plan concret des actions à effectuer pour atteindre son objectif. Selon cet lui, structurer l’objectif autour des motivations positives et négatives, par étapes spécifiques et mesurables, en tenant compte de « l’écologie » permettrait de passer d’un taux de réalisation de 22% à 70%.
Au fait, où voulais-je en venir ?
Ah oui ! Convaincre de l’importance de prendre le temps de bien déterminer vos objectifs ou ceux de vos clients, avant d’entamer tout travail sur la plainte ou le symptôme. Mais dites-moi, vous ai-je convaincu ? Qui pense encore l’inverse ou son contraire ? Vous ai-je fait avancer dans vos réflexions ?
A vos claviers j’attends avec impatience de lire vos commentaires pour continuer à échanger sur le sujet…
Dominik Hansen, hypnotherapeute et formateur