Du questionnement de l’évolution d’une sensation modélisée en état modifié de conscience, via le vakog.

Au détour des séances d’hypnose apparaissent parfois des objets tout a fait étonnant, produits au moyen de la matière même du monde interne du client. Des objets que l’on pourrait voir dans des tableaux de peintres tel Salvador Dali ou d’autres artistes issus du courant surréalistes…

Voire quand il a été fait la substitution d’un ressenti négatif, par une autre sensation positive celle-ci, puis élaboration de la sensation plus élargie, modélisation via le vakog, façonnage de la nouvelle sensation, forme(s), couleur(s), matière(s), jusqu’à la création par le client d’un « objet » à part entière, tout à fait personnel et particulier. Adapté.

Quelles évolutions peuvent prendre ces sensations « chosifiées », après exploration des sous-modalités, amplification du vakog, après les diverses modifications, les divers changements de propriétés ?

Que deviennent ces sensations modélisées au cours d’une séance d’hypnose? Que reste-t-il de ces « objets » ? évoluent-ils ? se transforment-ils ? Disparaissent-ils ? Réaparaissent-ils ? la personne peut-elle ré-intervenir sur « son objet » quand elle le souhaite ?

Dans quel but tout d’abord ? il est important de commencer par l’objectif de cette stratégie. Cette « stratégie » cet « outil » est mit en place dans le but premier de faire bouger le problème, pour qu’il se ré-organise différemment, pour qu’il prenne une nouvelle forme.

Une modélisation est mise en place pour servir de façon stratégique le processus de changement du client, quand les qualités de celle-ci sont suffisamment robustes, la modélisation peut être appliquée à la « sensation de soi » du client.

Il n’y a bien sûr pas de réponses « justes » à ces questionnements, il n’y a qu’une multitude de réponses, autant de réponses que de personnes ayant vécu ce type d’expérience. 

C’est ainsi que j’ai imaginé re-contacter une cliente. Je n’ai pas choisi cette cliente au hasard. Point numéro un la cliente avait trouvé les ressources nécessaires très rapidement, elle a une « résilience » et un potentiel rebond très fort. Secundo, je me souvenais particulièrement d’une séance avec elle, au cours de laquelle  pendant  la modélisation d’une sensation positive (en remplacement de la négative), à l’aide du vakog, avait « surgit » « son objet ».  La cliente avait été très surprise, car simultanément à l’apparition de « son objet » les sensations physiques qu’elle avait perdu étaient revenues (ici palpitations au niveau du cœur). Tertio la cliente était très enthousiaste à l’idée d’échanger sur son objet.

Cet article à écrire a été l’occasion pour moi, d’ouvrir juste un tiroir, un jour, un moment, avec un client, et de vivre juste le temps d’un échange, des nouvelles d’un objet créé en séance. Il s’agit donc ici, simplement, du partage de cet échange. 

Anamnèse de la cliente en tout début de thérapie

A à 17 ans, elle vit chez sa mère et son beau-père. Depuis plusieurs semaines A montre des signes de déprime, sa mère s’inquiète. A finit par demander à consulter.

A verbalise un sentiment de déprime de plus en plus présent, la sensation d’être perdue, de se sentir dépassée, d’avoir « perdu ses couleurs ». La difficulté à accepter le monde tel qu’il est, la façon dont il évolue. La cliente qui d’habitude écrivait n’écrit plus, elle réduit les contacts avec ses amis, même virtuels. (réseaux sociaux, téléphone, sms)

Ce qui la perturbe le plus, c’est cette sensation « qu’elle ne sent plus son cœur », coeur sourd, silencieux.

Mélange entre circonstances liées à la covid, séparation amoureuse, questionnements autour des études, de l’avenir, questionnements  existentiels.

Pour information, Après cette séance de modélisation de la sensation positive, il y en avait eu deux autres, une sur laquelle nous avions travaillé sur sa ligne de vie, avec recherche des expériences antérieures, où les difficultés avaient été dépassées, où elle avait su rebondir, et comment s’y était-elle prise, avec quelles ressources. Puis s’en était suivi une liste de ses ressources collectées, et l’élaboration d’une « boîte à ressources ».

Enfin une dernière séance feed-back, au cours de laquelle la cliente exprimait le fait qu’elle ne ressentait plus le besoin de venir en séance depuis cette séance où elle avait créé son objet. Quelques temps plus tard, j’apprenais par sa mère, que chaque semaine, « A » mettait une fleur de lys dans sa chambre.

Retour bref sur la séance sur laquelle l’objet est né

Sur cette séance importante pour A, nous avons travaillé sur sa, ses, sensations de vide, de plat, de noir, au niveau du cœur. Localisation, sensorialisation, modélisation rapide. Puis un travail sur l’élaboration de la sensation désirée, assez longue. Modélisation via le vakog, façonnage de la nouvelle sensation, forme, couleur, matière,  très précisément jusqu’à la création par A d’un « objet », se substituant  au ressenti négatif premier.

La modélisation fut longue, l’objet changeait de couleurs de textures, pour finalement se figer dans sa forme, « aboutie » pour la cliente. C’est ce que je pensais alors, cet échange va montrer qu’il en est tout autrement…

« L’objet » de A

Un Lys/ coeur rouge et blanc (très peu de blanc)

Texture longs poils très doux

Poids léger

Forme du lys

Mouvements de pulsation, ça pulse fort

Température : « Chaud comme l’été, comme une soirée d’été entre amis »

Echange autour de l’objet de « A » 17 ans

(La cliente, jeune,  était plus à l’aise avec le tutoiement)

Trois mois ont passé depuis ta dernière séance, j’aurais aimé te poser quelques questions si tu es d’accord, prendre des nouvelles de ton « Lys-coeur rouge » avec de longs poils, celui que tu as modélisé sur une de tes séances d’hypnose ?
Peux-tu essayer de te re-connecter un peu à cette séance ? te rappelles-tu ce qu’il s’est passé entre le moment cœur vide noir sans palpitations, et la naissance du Lys-coeur ? te re-connecter à la naissance du lys-coeur à partir de « la nouvelle sensation cœur » ?

Tout d’un coup l’image est venue. Je sentais mon cœur battre, revivre, taper très fort

Est ce que la sensation « palpitations » est venue avant l’image ou le contraire ?

Non c’est l’image qui est venue d’abord, L’image m’a donné les sensations palpitations, plus  une sensation de légèreté, la sensation qu’on m’enlève un poids de sur mes épaules. Quand je pense au lys je me sens très légère.

Qu’est ce que ça change pour toi aujourd’hui d’avoir « fabriqué » ce lys à la place de la sensation cœur vide sans palpitations ?

Tout est différent

Qu’est ce que ça a changé de pouvoir au fur et à mesure construire cette nouvelle sensation, y mettre de la couleur, de la texture, du son, une odeur…?

La couleur est en rapport avec le monde qui était en noir et blanc, ce lys a remit de la couleur au monde. La texture signifie « tout n’est pas froid », le monde n’est pas froid, il est doux et chaud aussi…

Ca signifie aussi l’irréalisable peut être réalisé, puisque j’arrive même à réaliser quelque chose dans ma tête, si je peux arriver à créer « ça », ce genre de chose dans ma tête, alors je peux tout faire…

Ta maman m’a dit que tu achetais depuis un lys pour ta chambre, chaque semaine ? Que s’est-il passé pour que tu décides d’acheter ce lys? Te rappelles-tu du moment où tu as ressenti l’envie de le faire?

Je sortais de la séance, j’allais au travail,  je suis passée devant la fleuriste, et là je me suis dit « il me faut un lys ».

Cela fait trois mois, continues-tu aujourd’hui?

Oui je continue, chaque semaine depuis la séance, depuis que j’ai réalisé que ça me faisait du bien.

Ca a changé quoi d’acheter ce lys chaque semaine?

Le fait d’en avoir toujours un dans ma chambre me fait me sentir bien, et puis il me rappelle ma grand-mère c’était sa fleur préférée.

L’image du lys pendant la séance d’hypnose est elle venue en rapport avec ta grand mère d’après toi ?

En fait je n’ai pas réfléchis le lys est apparu, j’ai fait le lien bien plus tard.

Je me sens moins seule avec ce lys, si j’ai un petit coup de mou je le regarde et ça me fait immédiatement du bien,  plus la sensation au niveau du cœur en fait (Léger ou/et palpitations)

Une fois il n’y avait plus de lys blanc, c’était un lys rose…

Quelle différence cela a fait pour toi ?

Moins d’importance… c’était pas la même chose en fait, je n’arrivais pas à visualiser mon lys sur le lys « que je peux toucher », alors que le blanc même s’il n’y a pas la pétale rouge c’est le mien.

Après cette séance A s’était remise à écrire, sur son lys-cœur, c’était une des tâches.

Qu’est ce que  ça a changé d’écrire dans ton carnet sur le Lys-cœur, celui que tu as fait naître dans ton imaginaire?

Il y a une trace, l’écriture laisse une trace de notre passage de ce qu’on a pensé de nos sentiments, c’est pour ne pas oublier par quoi on est passé, voir comment j’ai évolué…

A a apporté son carnet, elle souhaite me lire un passage:

« Une fleur de lys à la place d’un cœur, des sentiments en forme de pétales blanches, des racines pour l’importance des valeurs, la beauté du monde pour le soleil, et l’entraide en forme de goutte »

Avoir symbolisé cette nouvelle sensation par ce lys-cœur ça représente quoi pour toi?

Ce lys imaginaire, je le relie au monde, aux valeurs, aux sentiments… à tout ce qui constitue le monde à mes yeux.

J’ai écris sur le lys le soir de la séance, et ensuite je me suis concentrée sur comment évoluer personnellement à partir de ça

J’aurais peur d’oublier, laisser une trace c’est important…

Qu’est-ce qui serait différent si tu n’avais pas mis ce lys quotidiennement dans ta chambre?

Il me manquerait quelque chose. Par exemple ma tâche était de me reconnecter à la sensation lys au réveil, ou au couché ; en même temps que je me connecte je le regarde ; je pense que je n’aurais pas pu autant me concentrer, pas pu faire le même travail sur moi-même s’il n’avait pas été là. Je le fais tous les matins et parfois le soir.

Pour la sensation, c’est toujours localisé au même endroit (cœur/plexus)

Est ce que le Lys rouge et blanc a évolué depuis le jour de sa création pendant la séance?

Quelque-chose s’est-il transformé ? couleur ? forme ? odeur ? texture ? taille ?

Mon lys imaginaire est devenu blanc. Avant il était moitié rouge moitié blanc, maintenant il est blanc avec juste une pétale rouge. La tige est blanche aussi et poilue.

En fait c’est étrange je crois que j’ai fait un lien avec la rose dont la tige pique… et du coup j’ai ajouté quelque chose de doux à toucher à la place.

Pour la taille quand je l’imagine devant moi il a la taille de la fleur, mais dans mon cœur il est tout petit, passe-partout.

Quand tu visualises ce lys, y a t-il un fond ? un lieu, un décor autour ou derrière ?

Rien autour c’est le lys posé sur du blanc.

Le lys a t-il évolué très vite après la séance ?

Non ça a prit du temps, en fait il s’est transformé depuis que j’ai rencontré un garçon,

Il y a du son maintenant, du violon… (le garçon que A a rencontré joue du violon)

Te reconnectes-tu parfois encore à cette sensation « Lys-cœur » ? Cette sensation est elle différente par rapport au début ?

C’est toujours pareil ça palpite, mais quelque chose s’est rajouté, c’est comme si j’étais sur un énorme coussin avec des poils longs et blancs, la douceur de ça, et la sensation de quelqu’un qui te prend dans les bras.

Vois-tu en même temps que la sensation « cœur palpite » le Lys imaginaire ou la fleur lys le végétal?

Le lys imaginaire.

Qu’est-ce qui est différent entre ton lys imaginaire et la fleur que tu achètes et mets dans ta chambre?

Ils sont séparés, le mien à plus de significations, en plus il ne fanera jamais, il est éternel il est là, alors que la fleur au bout d’une semaine elle fane.

Depuis cette séance chaque lys ou représentation de lys que tu voies, en dessin, en peinture, à la télé, sur un vêtement, chez la fleuriste…ça te fait quoi ?

C’est bizarre, visuellement quand je vois un lys il va directement prendre la couleur du mien, c’est comme si je voyais le mien en face de moi, à part pour la fleur, le végétal.

Et est ce que tu ressens la même sensation « palpitation »?

Je ne dirais pas que j’ai la sensation mais je me sens moins seule, c’est comme un rappel, un clin d’œil.

Comment vis-tu le moment où la fleur lys que tu achètes se fane ?

Ce n’est pas moi qui la jette c’est ma mère, je la laisse sinon. Je ne veux pas, je ne peux la jeter. C’est maman qui me l’achète, et moi qui la mets dans le vase.

Imagine que c’est possible : réel palpable devant toi il y a le « vrai » lys rouge blanc poilu ?

D’abord je ferais en sorte qu’il ne fane pas, je le mettrais dans un liquide transparent qui se solidifie…

Tu ne pourras plus le toucher alors ?

C’est pas grave car il sera là en fait.

Donc celui que tu as imaginé est vivant ?

Oui, c’est pour ça, il ne faudrait pas qu’il fane en fait

Où le mettrais-tu ?

Je le cacherais pour ne pas qu’on me le prenne… mais il serait toujours là (cœur) s’il se matérialise…peut-être pas de la même façon puisqu’il sera devant moi… je ne ressentirais pas exactement la même chose du fait qu’il soit aussi là devant moi… comme si une partie de moi était devant moi… que je vois une partie de moi… ça serait différent…

Quels sont les inconvénients à le rendre exactement réel comme dans ton imaginaire devant toi palpable ?

Ca serait une partie de moi qui partirait…, et puis j’aurais trop peur qu’on me le vole en fait, ça serait comme si je perdais quelqu’un…

Alors ce lys que tu achètes toutes les semaines c’est bien qu’il ne ressemble pas trait pour trait au tien ?

Oui déjà que j’ai du mal quand le lys blanc fane…

A ce moment de l’échange nous faisons « un break », pour se  connecter à son Lys-cœur, le vrai…

Aujourd’hui : As tu moins besoin de la fleur lys ?

Non j’ai toujours autant besoin de lui, Q lui peut partir (le garçon qu’elle a rencontré), mais mon lys ne partira pas.

Plus il évoluera, plus c’est que moi j’évolue, il retranscris ce que je ressens, il me guide…

Et toi peux tu choisir, décider de le faire changer ?

Non c’est lui, même si je voulais je ne pourrais pas le changer, c’est lui « qui se fait tout seul » par rapport à ce que je ressens. S’il change négativement ça sera une alerte, comme un signal…

Le lys porte t-il un nom aujourd’hui?

Oui « Le monde »