L’état amplifié de conscience que représente l’hypnose n’a pas toujours été désigné en ces termes. Le dictionnaire académique français mentionne « hypnotique » ou « hypnologie », puis « hypnotisme » et enfin « hypnose ». Ce terme choisi vient du grec « Hypnos » mais il est quelque peu trompeur. En effet, l’hypnose est un état qui se différencie nettement du sommeil, même s’il peut s’y lier contextuellement.

Hypnose et phénoménologie hypnotique

L’hypnose évoque un état passager d’attention modifié chez le sujet. Il peut s’auto-induire ou être produit par une autre personne. La phénoménologie de l’état hypnotique est caractéristique et fort bien reconnue à ce jour.

Ces phénomènes peuvent être objectivés par autrui mais également perçu par le sujet lui-même :

Suggestibilité accrue,
Micro-mouvements (battement paupière)
Augmentation du larmoiement
Couleur de peau, modification respiration
Modification d’élocution, du rythme
Décalage de conscience
Modification de la mémoire,
Changement dans la perception du temps et du rapport au corps

De surcroît, l’expérience subjective fait apparaître des réponses ou idées qui diffèrent de l’état d’esprit ordinaire pour la personne en transe.

D’autres phénomènes tels que l’anesthésie, la paralysie, les modifications vasomotrices ou rigidité musculaire, peuvent être produits, supprimés lors de la transe hypnotique.

Hypnose : état amplifié de conscience

L’hypnose est un état de conscience qui amène le corps et l’esprit vers une profonde détente. C’est lorsque le psychisme se décale de la conscience, que cet état naturel proche du sommeil, mais sans l’être, s’installe. La focalisation sur un objet visuel, auditif ou kinesthésique permet de rentrer dans un travail inductif. La fonction logique s’atténue au profit de la fonction imaginative, lieu de réponses émotionnelles. C’est en allant rencontrer l’émotion, que se manifestent les parties inconscientes. 

L’hypnose est donc un levier thérapeutique pertinent. En s’intégrant à la psychothérapie, comme amplificateur et accélérateur, l’outil hypnotique fait sens. Il permet d’accéder à des ressources plus inconscientes, permettant l’émergence d’un matériel thérapeutique (émotions, reviviscentes) utile pour la suite du travail sur soi.

L’hypnose est un état qu’il est possible d’utiliser à plusieurs fins : en thérapie, coaching, management, développement personnel, spectacle, vente. Certains hypnothérapeutes travaillent avec cet état amplifié de conscience pour faciliter une abréaction (ou décharge émotionnelle) recherchée. Les techniques de régression en âge sont facilitées par les ponts d’affect. Aussi, il est important de distinguer l’hypnose de l’hypnothérapie. 

L’Hypnose, pour se connecter à l’imaginaire

Dans l’état hypnotique, léger ou profond, il peut se produire des créations imaginatives avec une construction suffisamment sensée pour s’apparenter aux rêves.  

« D’ailleurs, les images du rêve présentent un caractère hypnotique, et la médecine est liée au rêve depuis la Grèce Antique, lorsque les personnes venaient chercher la guérison à Épidaure, où le dieu de la médecine Asclépios apparaissait en songe aux prêtres pour leur révéler le remède qui rendrait la santé. »

Guillaume Poupard , ibid. Guillaume Poupard & Coll

« Ce n’est pas la volonté qui est la première faculté de l’homme, mais l’imagination. »

Coué, E. , La méthode Coué. La maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente, Marabout, 1999

Hypnose : imagination et croyances

L’état hypnotique amène vers un espace particulièrement décalé de la pensée logique. Cet état mobilise des émotions, des croyances mais également l’imagination. Notre rapport aux croyances a été étudié notamment, par le psychologue et pharmacien Emile Coué (1857-1926). Ce dernier démontre que nos croyances, que nos pensées, influencent nos actes. Pour lui, l’action d’imaginer est si puissante qu’elle ne saurait tenir face à notre volonté. L’imagination est alors un moteur de guérison, et source de tout changement, souhaité comme écologique pour la personne. 

D’après lui, l’imagination supplante notre volonté, et c’est sur elle que nous devons agir pour favoriser la guérison. D’après lui, l’imagination peut être conduite, orientée.

Induction, suggestion, confusion hypnotique

La pratique de l’hypnose s’effectue au commencement par une induction. L’induction est une phase capitale pour le glissement d’un état de conscience ordinaire vers un état modifié. Différentes techniques co-existent dont la plus célèbre est la suggestion. Celle-ci est une technique d’influence sur l’état émotionnel et les représentations du client ou patient. Sa durée varie en fonction de la personne à conduire en transe. Elle peut être de quelques minutes avec des techniques de surcharge des sens ou confusion. Elle peut également être plus longue, et durer entre vingt et vingt-cinq minutes.

Les suggestions de spectacle sont plus directes (autoritaires). Certains sujets doués pour l’hypnose y sont sensibles. Avec d’autres, les suggestions pourront être plus indirectes, imagées (récits, métaphores).

L’hypnose fonctionne par l’induction. L’induction est la méthode qui consiste à conduire le sujet vers un état de conscience modifié. Cette méthode utilise des techniques diverses, dont la plus célèbre est la suggestion. L’induction peut être longue, entre vingt et vingt-cinq minutes, pour permettre un meilleur travail de visualisation. Elle peut être courte et ne durer que quelques minutes en utilisant la technique de surcharge des sens ou de confusion.

La suggestion

La suggestion est une technique qui influence, par la parole, l’état émotionnel et les représentations du patient. Une affirmation fausse mais injonctive décrivant les sensations, perceptions, émotions vaut pour une suggestion inductive. L’objectif de ce jeu d’influence est de diriger le sujet vers son monde intérieur comme pour s’absorber complètement dans ses sensations, ses émotions, ses élaborations imaginatives.

En communication Ericksonienne, l’état hypnotique peut se préparer et s’installer par une confusion. La technique d’induction permet de « perdre » le psychisme afin de laisser émerger une partie plus inconsciente de la personne. C’est, par exemple, en saturant l’attention du sujet sur des illogismes énoncés, des objets, des parties du corps que l’état hypnotique prend place.

Le langage métaphorique est prolifique en hypnose. Les métaphores peuvent être préconstruites à la séance ou plus spontanées, comme soufflées à l’hypnothérapeute en cours de séance.

L’hypnose et ses applications

L’hypnothérapie est une approche  psycho-dynamique qui intervient sur des processus intrapsychiques. Elle est, à ce jour, utile à différents domaines d’application :

  • Anesthésie post-opératoire (le patient bascule dans son monde intérieur et décroche de son corps)
  • Douleurs chroniques (gestion de la douleur à long terme)
  • Psychothérapie (possibilité de guérison intérieure)
  • Développement personnel, exploration du soi
  • Performances sportives ou professionnelles, reconversion
  • Symptômes psychosomatiques, après avoir écarté toute autre pathologie organique.

Autohypnose

« Toute hypnose est auto hypnose. Si vous suivez mes instructions, aucun pouvoir sur terre en dehors de vous-même peut vous empêcher d’être hypnotisé. »

Tebbetts, C , cité par Hunter, C. R. 1994. The art of hypnosis, Crown House Publishing, 2010

« L’autohypnose consiste à entrer par ses propres moyens en état amplifié de conscience. Il existe une multitude de techniques, mais auto-appliquées. La personne en autohypnose reste en partie consciente, ce qui lui permet de se donner les suggestions et autres directives à l’inconscient, au détriment d’une transe hypnotique profonde. »

Guillaume Poupard , ibid. Guillaume Poupard & Coll

Hypnose et douleur

L’hypnose peut être utile pour contrôler le niveau d’intensité d’une douleur chronique. La gestion de la douleur fait apparaître deux versants : le signal neurologique et l’émotion qui s’intensifie. 

L’hypnothérapeute aura pour rôle d’aider le patient à retrouver une qualité de vie acceptable pour lui.

Le travail thérapeutique consiste à prendre de la distance avec la douleur récurrente. Le rapport aux corps et la gestion émotionnelle sont alors des aspects centraux. Le patient apprendra à se focaliser sur d’autres éléments, en prenant à se servir de ses ressources intérieures, disponibles.

L’hypnothérapie agit à différents niveaux 

  • Sensoriel
  • Gestion autour de l’apparition de la douleur
  • Cognitif (lien entre douleur et pensées négatives)
  • Émotionnel (exemple : lien deuil non intégré)
  • Motivationnel (ressources, posture active)

Les méthodes ou outils hypnotiques sont pluriels. Imagerie mentale, gestion des émotions tels que stress, anxiété ou encore distraction peuvent être intégrées comme des ressources utiles. Le principe est de permettre à la personne de sortir d’une pensée « manichéiste » du TOUT douleur / ZÉRO douleur.

Le patient apprend avec l’hypnose à reprendre le contrôle de sa douleur et à s’autonomiser.

Hypnose & douleur : la neuroscience répond !

La neuroscience vient nous éclairer sur la perception de la douleur selon l’état de conscience vécue lors de son ressenti. Grâce à l’IRMf (imagerie cérébrale), le professeur Pierre Rainville à l’université de Montréal montre que l’hypnose peut agir sur deux aspects du signal douloureux : l’émotion et la sensation.

Sous hypnose, la double expérience suivante est réalisée : 

  • À l’aide de l’application d’une sonde de 47°C, on suggère un accroissement de la douleur, mais sans plus de ressenti émotionnel. 
  • Dans les mêmes conditions, on suggère cette fois l’inverse à savoir une diminution de la douleur, avec une information anxiogène. 
  • On observe dans les 2 cas une augmentation du ressenti de la douleur, mais les zones activées dans le cerveau ne sont pas similaires.
  • En résulte que la douleur présente deux caractéristiques dissociables, sur le plan subjectif et neurologique.

D’autre part, un stimulus de même intensité physique, peut être jugé douloureux par des sujets dans un état de veille normale et non douloureux lorsque ces sujets sont dans un état hypnotique.

Les neurosciences nous permettent de comprendre et d’objectiver pourquoi l’hypnose est perçue comme salvatrice depuis la nuit des temps.